lundi 5 août 2013

Mourir ce soir

On ne meurt qu'une fois. La fatalité comme ils disent. On s'efforce rarement de mourir. On recherche expressément ce qui nous garderait jeunes, beaux et en santé. Parce que de la mort, personne n'a d'assurance. Soit il y a la foi, soit il y a le néant. On croit en quelque chose de plus grand. Mais personne sait ce qu'il en est vraiment.

Ils disent, qu'on meurt un peu tous les jours. C'est une drôle de manière de décrire la vie, je trouve. Il y a ceux qui vivent sans remords, sans compter. Il y a ceux qui vivent doucement, un pas derrière l'autre. Il y a ceux qui font des enfants toute leur vie, puis ces autres qui aiment les petits de leurs amis.  On meurt tous un peu comme on a vécu. 

Elle avait 24 ans. C'était un accident. Je me souviens l'avoir croisée quelques fois. Parce qu'ici, dans mon village, on se croise tous quelques fois. Je savais son nom, puis son visage. Parce qu'ici dans mon village, c'était difficile de faire autrement. Elle vous disait bonjour, quand elle vous reconnaissait. Et elle n'était jamais seule quand on la voyait. Elle était aimée, parce qu'elle se souciait d'être aimable. Si la jeunesse de mon village a pleuré ce matin, c'est parce qu'on l'a mise en terre. Beaucoup trop tôt. Subitement. La mort est une fatalité. Et la peur de la mort est ce qu'il nous reste, après. 

Il y avait les obsèques diffusées à la radio. Parce que dans mon village, personne ne meurt sans hommage. Les femmes ont chanté. Sa tante lui a fait un discours. Son père a pleuré. Et dans ses mots, il a remercié les gens qui étaient venus, pour le réconfort, pour la peine, pour sa fille. L'église était bondée. Ses amis tous présents Parce que dans mon village, on vous tient la main quand votre famille s'éteint. 

On ne meurt qu'une fois. Mais ici, dans mon village, toujours les gens se souviennent de vous. Dans leur coeur, l'éternité existe. 

Iame Patricia.

1 commentaire:

  1. Un texte très beau, très émouvant telle la source qui conduit jusqu'à la mer l'une de ses perles d'eau, une fleur d'éternité. Christian Bilodeau

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