mardi 22 janvier 2013

La non-guerre

Une vingtaine de personnes en plein coeur du centre-ville. Il y a des vieux costumés, des jeunes avec des affiches blanches aux lettres rouges Idle No More, des militants avec des drapeaux de la crise d'Oka, des visages que je connais. Et y a moi, avec fiston qui observe la patinoire, envieux. Ce n'est pas un combat pour le territoire. Ce n'est pas une revendication politique. Ce n'est pas pour ça que je marche avec eux, aujourd'hui, que je danserai demain. C'est autre chose. Une centaine de personnes se suivent. On a bloqué la rue quelques minutes. Jusqu'au parlement. Je dis à ma soeur: C'est bien qu'il y ait des Blancs avec nous. Devant le parlement, une femme fait un discours. Elle parle de silence. Elle dit de prendre la parole. Elle dit comme ces affiches, que désormais la passivité c'est assez. Je sais pourquoi je suis là. Je sais qu'il n'y a de guerres que celles que l'on entame entre deux clans, deux idées, deux peuples. Je ne crois pas en la guerre entre les Québécois et les Premières Nations. Elle serait sans issue. Si je suis là, c'est que je crois en la vie commune, en un juste partage des richesses, en une unité entre habitants d'un même territoire. Je sais que l'Histoire nous a fait bien du tord, mais elle nous a aussi donné d'appartenir à une modernité que l'on a su faire nôtre. Si je marche avec fiston aujourd'hui, c'est parce que j'en ai marre, moi aussi, de la passivité, de l'ignorance, du racisme, des victimes et des bourreaux. Je veux de l'ouverture, je revendique l'amitié de mon voisin, je cherche la voie qui saura nous liée. Je suis Innue, fière descendante d'un peuple ancien, je suis Québécoise, habitante d'un territoire riche et vaste. Je choisis la non-guerre.

1 commentaire:

  1. Ton affirmation poétique et politique "je revendique l'amitié de mon voisin" est inspirante. Comment l'amitié peut-elle être une revendication politique de non-violence et, en même temps, une proposition contre la paresse collective?

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