lundi 9 mai 2011

Lancement de Kuessipan à Uashat

Il y a quelques jours à peine, je me tenais debout devant une centaine de personnes. Quelques jours à peine, je leurs disais combien j’étais heureuse d’être parmi eux, parmi les miens, remerciant les uns et les autres, les proches et les visiteurs, d’être venus célébrer avec moi le lancement de mon premier livre. C’était l’ivresse d’un moment que je n’avais jamais encore vécu. Le cœur chaud et la main moite, je souriais. Une peur enfin disparue. Mon peuple affirmait que je disais.

Cette chose que je ne peux nommer, leur sourire et leur fierté, je l’ai vu ce soir-là, alors que je récitais le discours appris par cœur. Les regards que je croisais. Les visages que je reconnaissais. J’ai compris que j’étais la messagère d’une réalité beaucoup plus grande que moi. Ils étaient si nombreux, à demander que je dédicace leur livre, tout fraîchement acheté, bientôt lu. Même dans mes rêves. Même l’imaginaire n’aurait pas fait mieux.

Chez-moi c’est comme ailleurs. Je suis la fille d’une telle. Je le resterai toute ma vie. Mais cette étincelle dans leur regard. Cette joie dans leur sourire. Ma famille. Mes amis. Je ne veux jamais l’oublier. Aussi fraîchement que la fleur déracinée, lucide comme la pluie rencontre le sol. Ce soir-là, il pleuvait, mais y avait de la chaleur et de la lumière à l’intérieur.

Le seul que je n’ai pas pu remercier, c’est François Bon. Je me permets de le faire ici, parce que je sais qu’il lira. S’il suffit de croire en quelque chose pour qu’elle existe, bien je vous dois énormément. Merci d’avoir cru que ceci valait la peine. Car j’ai vu les visages et je sais que ça vaut la peine.

Iame Unepessish, à bientôt.

4 commentaires:

  1. Comment tu dirais "paix" en Innu? J'ai tshiam-inniun mais je sais pas s'il y a un meilleur mot... Merci si tu peux aider!

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  2. J'aimerais t'aider, mais je trouve pas. sans doute un mot qui voudrais dire le bien-être de l'esprit.

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  3. bien reçu – mais il n'y a pas de merci : dans ce qui se passe (la première fois, le premier atelier où à Québec tu as prononcé le mot "réserve") moi j'avais compris – compris une obéissance : qu'il fallait aller jusqu'au livre – que ça ne nous regardait ni l'un ni l'autre – que ça concernait au-delà de nous-mêmes, et du groupe – tu as franchi seule les étapes, personne ne pouvait t'aider, même s'il y a eu d'autres visages, d'autres noms – et probablement que Jean Désy par exemple dirait comme moi : la récompense, c'est qu'on paye notre dette, à ce qu'on a reçu nous-mêmes, bien avant... fraternité donc, et "paix" même si le mot n'existe pas en innu, ou a été oublié...

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