vendredi 10 décembre 2010

Nordicité, avec Jean Désy

"Partir pour un nomade, ce n'est jamais fuir, c'est plutôt rester en quête. Partir, c'est faire en sorte que la quête se poursuive, inlassablement, en dehors du temps programmé"

Étrangement, en lisant son livre, j'ai appris beaucoup plus sur Jean Désy qu'en le rencontrant pour le programme de mentorat. Je savais qu'il était médecin, avait déjà pratiqué chez les Inuits. Qu'il était écrivain, poète. Qu'il enseignait à l'université, qu'il a quatre enfants. Mais j'ignorais qu'il avait traversé le Grand Nord en skidou, avec le froid intense et les cabanes éloignées. J'ignorais qu'il avait vu ces immenses glaciels qui nourrissent le courage des humains. Je ne savais pas qu'il était, lui aussi, un nomade.

"On voyage par nomadisme intrinsèque, quand il y a de l'espace à parcourir, quand il y a des silences à écouter, quand il y a un passant, un étranger, un Nord-Côtier, un Innu, un Inuit ou un montagnard qui accepte de partager son gibier, son fromage ou une tasse de thé."

On a partagé quelques cafés ensemble, dans ce bistro au nom imprononçable. L’endroit est étroit, les murs boisés, situé sur rue Cartier avec beaucoup de passants. Je n’ai pas choisi mon mentor, on me l’a assigné, comme une évidence. Chaque rencontre, un apprivoisement. Des discussions qui s'amalgament, avec un but tout de même, l'écriture d'un livre, le mien. Deux heures passent, je ne sais encore que très peu de lui. Personne ne se livre aussi facilement que dans un bouquin.

"La toundra demeure le symbole même de la nordicité extrême, du nomadisme et de la grande liberté. La toundra est une poème: elle nous appelle. Mais il faut accepter son cri. Car la toundra nous happe, nous englobe, elle nous prend et nous reprend, nous rend à nous-mêmes, nous fait poussière et molécule, parcelle d'air et de cosmos. Alors nous retournons à nos origines, nous baignons dedans."

Je ne visite pas souvent Nutshimit, la forêt du Nord, à cause de la distance, à cause de mes études, à cause des coûts, à cause de je ne sais plus. Mais, je sais qu'un jour, j'irai là où il est allé. Affronter le vent et sa morsure, regarder la lune se lever, dormir tôt et le matin partir. Lorsqu'il parle de ses voyages, j'ai des images d'infini qui me reviennent en mémoire, et moi qui suis fière, je veux gravir ces glaciels et regarder de haut les îles lointaines. Cette grandeur elle m'habite, un souvenir d'enfance. Cela fait trop longtemps déjà.

"Je ne suis qu'un autochtone qui a bâti sa cabane en attendant de décoller en canot."

Je sais qu'il aime nos modes de vie, nos manières, nos certitudes. Si l’autochtone est l'habitant de la terre, s'il l'a parcouru et admiré, s'il l'a combattu malgré les obstacles, malgré la bravade de la suprême nature, alors oui, il l'est.

Merci Jean

Tous les extraits sont tirés du livre L'esprit du Nord, étition XYZ, par Jean Désy

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