vendredi 19 novembre 2010

Rendre à César

J'écris ceci, sans vouloir être flatteuse, mais parce que je crois que rien n'arrive dans le hasard.

Il y a un peu plus d'un an, j'ai choisi de suivre un cours de création littéraire de M. François Bon. Mes choix de cours, je les ai toujours fait sans beaucoup d'appréhension, alors ce Bon dans le nom du professeur, ne m'apparaissait ni étranger, ni prometteur. La première fois que j'ai rencontré ce vieux Français à l'accent bien intégré, j'ai bien cru ne jamais rien comprendre de ce qu'il disait et de ce qui semblait si impératif que l'on comprenne. Dans sa gestuelle, dans ses mots, il était plus qu'expressif. Il était implosif de cette passion que l'on contient qui jaillit bien au-delà du désir. C'est ainsi qu'il était, en parlant de Simon, de Duras et surtout de Perec. Lorsqu'il lisait, il tapait le tempo avec le pied. Les textes que nous écrivions avaient tellement plus de rythme, de sens, lorsque c'était lui qui les lisait. Nous avions l'impression d'être écrivains.

J'écris depuis mon enfance. J'ai écrit un journal, des lettres sans correspondance, des textes courts, mes états d'âmes. J'écrivais parce que j'aimais être face à moi-même, parce que j'aimais les belles tournures de phrases. Mais jamais, je n'avais pensé, avant cette rencontre avec François Bon, que tout cela avait du sens, un quelconque intérêt.

Il a aimé, je suppose, les thèmes que j'abordais. Touché d'entendre lire un autre peuple que le sien. Il a cru que ce que j'avais à dire avait une importance, une portée. Pour ma part, il a saisi, bien au-delà des mots, l'émotion abstraite de vouloir exister, de ne jamais être cloisonnée, de faire partie, mais d'être soi. J'ai aimé lorsqu'il disait en critiquant mes textes: ça on s'en fout. Plus encore: il faut oser dire que personne n'a vu Paris.

Je crois que l'on ne naît pas ni ne devient écrivain. Je crois que ce sont les autres qui font de nous des écrivains.

Merci M. François Bon

1 commentaire:

  1. tu supposes bien!

    mais c'est moi qui remercie

    là faut pas confondre : l'important, c'est le texte, et c'est la route que tu commences

    j'ai beaucoup appris, et je compte bien continuer!

    F

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