vendredi 11 juin 2010

À quand la prochaine crise d’Oka?

Les Innus de Matimekush-Lac John et de Uashat mak Mani-Utenam refusent de reprendre les négociations avec la compagnie minière Labrador Iron Mines

C’est une histoire trop vieille pour être ravivée, mais cruciale pour des jours comme aujourd’hui. La crise de 1990, celle des Warriors, celle des armes et de l’armée, celle de la barricade, mais surtout et ne l’oublions pas, celle d’un terrain de golf. La ville d’Oka souhaitait agrandir leur terrain de golf, mais la communauté voisine Mohawks de Kanasatake affirme que ces terres leurs appartiennent et qu’elles abritent les vieilles âmes d’un cimetière. Tout a commencé par une marche pacifique des Mohawks dans les rues de Kanasatake et de la ville d’Oka. Et tout s’est très vite déstabilisé pour finalement dégénéré en une véritable guerre froide. Un mort du côté de la police, beaucoup d’arrestations du côté des Warriors et de la haine, de la haine véritable entre voisins. Je relate ceci et vous invite à visionner la dizaine de reportages de Radio-Canada archivés sur leur site web.

Aujourd’hui, les Innus de Matimekush-Lac John et de Uashat mak Mani-Utenam ont cessé toute négociations avec Labrador Iron Mines. La compagnie minière qui cherche à reprendre en main les anciennes installations de l’IOC n’arrive pas à une entente spécifique avec les deux communautés. Dans un communiqué de presse de l’Alliance Stratégique Innue, les 5 communautés membres approuvent et signent conjointement une lettre affirmant l’érection d’une barricade aujourd’hui même, le 11 juin 2010. Ils contestent le fait que les gouvernements et les compagnies privées acceptent de faire des ententes sur leur territoire sans leur consentement.

Ont-ils autre choix? Est-ce un précédant pour une autre crise de la même ampleur que celle d’Oka?

Chaque communauté Innue mène ses propres négociations territoriales. Celle-ci est spécifique au peuple qui habite Ushkututapan meshekenu (le territoire du chemin de fer), au Nord du 50e parallèle. On appelle cette terre ainsi parce que la seule voie d’accès terrestre est le train. Lorsque la mine de fer IOC a fermé ses portes en 1982, les Innus ont choisi de rester au sein même de la forêt. Ils ont élu domicile en terre sauvage et ce n’est par hasard si aujourd’hui ils refusent de la céder aussi facilement.

C’était un terrain de golf et puis c’est une mine de fer, et ailleurs, c’est tout un terrain de chasse que l’on troc pour l’abrasion d’une forêt. Les mohawks de kanasatake, les atikamekws de Manawan, de Wemontaci, les Wendats de Wendake, bientôt les Innus de Uashat, de Matimekush, n’ont plus de territoire de chasse. Ils se piétinent dessus dans leurs minuscules réserves alors que les populations ne cessent de s’accroître. Et puis on s’étonne des barricades, du refus de négocier, de la palpable inflexion des peuples des Premières Nations d'aujourd'hui.

Lien pour communiqué de presse Alliance Stratégique Innue http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/June2010/09/c3608.html

1 commentaire:

  1. Dans ces choses là, un indien qui s'instruit en vaut plusieurs. En voilà l'exemple.

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