La langue est le pari risqué d'un peuple. Si elle survit, le peuple survit. Et si elle se noie dans le pluralisme d'une société nouvelle, le peuple se noie aussi. Oubliant la nécessité d'appartenir à ce qui leur est ancien, imprégné sur le sol des chemins parcourus. Je possède deux langues, le français et l'innu, mais seulement l'une d'elles est mienne. Parce que ma grand-mère saura que je parle d'elle si je dis Nukum. Parce que mon fils comprend que Nekuess c'est aussi son nom. Parce que l'amour profond que je porte à ceux qui me sont chers se traduit par un tshe shuenemeten.
Le risque dans le pari, c'est le libre arbitre. Une professeur plutôt drastique de l'histoire de la langue française nous disait qu'il suffisait de trois générations pour éteindre une langue chez une famille immigrante. Les grands-parents sont unilingues espagnol, les parents sont bilingues espagnol et français, les enfants ne parlent que le français. Je ne suis pas immigrante, mais je vis dans une ville où personne ne parle ma langue. Ce combat, je le mène moi aussi, et d'autres avec moi, pour que jamais nos enfants ne soient la dernière génération.
Je veux qu'il apprenne à dire Neka, maman, lorsqu'il aura quelque chose de très important à me demander. Je veux cette proximité, presque le secret, qu'apporteront nos conversations en innu dans les lieux publics. Je veux qu'il comprenne ses petits-cousins de Uashat, et qu'il se sente appartenir à ce peuple de nomades qui ont toujours su nommer la moindre petite chose qui vivait, qui poussait sur le sol.
Wow, très beau blog Naomi. Tu écris très bien, je t'en félicite. Je ne suis pas Innu mais j'aime beaucoup votre culture et je trouve dommage qu'on en apprenne pas plus à l'école sur les communautés autochtones au Québec.
RépondreSupprimerBonne chance et au plaisir de te lire!
Julie de Québec