Ma grand-mère m'écrit sur facebook. De courts messages bourrés de fautes et d'amour. Aujourd'hui, elle m'écrit pour me dire que c'est l'anniversaire de mon père. Il paraît qu'il aurait eu 46 ans. Elle me dit qu'il lui manque un peu à chaque jour et que ses pensées en cette journée triste volent une par une vers le ciel. Je n'ai rien dans mes souvenirs qui pourrait me rappeler cet homme à la peau foncée, à la beauté racée. Rien qui pourrait s'envoler haut, très haut vers le ciel. Mis à part ceci.
C'est une photo que je garde avec toutes les autres. Une image de lui en habit d'hiver couleur kaki. Il porte sur son dos une carabine. Sur sa tête, une casquette qui rappelle l'uniforme de l'armée. N'a jamais été soldat, ni tireur d'élite. Juste chasseur, dans les meilleurs moments de sa vie. Un genou plié et à sa main, un lynx. Le sang qui tache la neige lui donne victoire. Des épinettes entourent la mémorable prise de l'homme. Il semble mal à l'aise, fixe la caméra. Des yeux bruns, les lèvres pincés, le nez droit, de minuscules tâches de rousseurs sur ses joues. Il est beau. Une vingtaine d'années, pas plus.
C'est une photo surnaturelle. La mort ne ressemble à rien, sinon à une image vide de souvenirs. Il n'est mort que pour ceux qui l'ont connu. Pour les autres, il est soit un chasseur, soit un nouveau marié. Ces quelques clichés que je garde avec toutes les autres.
Iame Nuta.
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