Je cherche une place. Entre la ville et la réserve. La solitude et la communauté. L'ambition et l'essentiel. Les rêves de grandes filles et les devoirs de mères. Je pense à l'espace que peut occuper une mentalité de village dans une si grande ville. Et l'espace qu'occupe ma langue dans ma tête.
Il y a longtemps que je ne pense plus en Innu, que je ne vis plus réservée, que mes amis sont Latinos et Québécois de laine. Pourtant, il ne suffit que d'une blague entendue au hasard des rues St-Jean ou St-Vallier, pour redécouvrir mon appartenance. Une blague d'indien, non-payeur de taxes. Ou bien encore, une envolée d'outardes brune pour me rappeler que la chasse sera bonne, que l'immigration n'est pas qu'une question de frontières et de cartes blanches. Je suis Innue par naissance. Par coeur. Par choix. Je ne porte pas de plumes ni de robes à franges. Je ne suis pas chaude à l'idée de faire un portage en automne. Ce qui résiste, ce qui vit, c'est l'hériatge de mon grand-père, de ma grand-mère, de ceux qui ont porté la culture au bout des doigts en brodant des mocassins à nos enfants. Et c'est moi, et ma langue maternelle aussi souple que le chant du tambour et l'Histoire qui est la nôtre.
Que sait-on des autres, si ce n'est leurs différences? Que voit-on des autres? Doit-on combattre l'ignorance?
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