Elle pose la question, celle qui est posée quelques fois par des gens courageux. Elle dit: Pourquoi tu n'es pas en colère? Contre les blancs, le gouvernement, la société, après tout ce qu'ils vous ont fait subir? Non. Elle dit: que nous vous avons fait subir?
Autrefois, j'aurais sans doute détesté les blancs. Leur culture et leur langue me seraient apparues comme un outrage. Autrefois, si l'on aurait clôturée mon village et si l'on m'aurait mise dans un pensionnat dans le but ultime et avoué de me faire devenir blanche, je n'aurais pas compris et sans doute j'aurais détesté. Mon grand-père, l'un des seuls Innus qui a toujours refuser d'envoyer ses enfants au pensionnat, n'aimait pas les blancs. Je suis capable de le comprendre.
Je crois en l'égalité plus qu'en la supériorité. La dignité des gens plus qu'à l'assimilation.
Pour moi, les choses sont différentes. Je crois que ma culture a ses forces, le respect des vieux et de la nature, la proximité des gens qui crée la communauté, l'entraide, la débrouillardise pas seulement en forêt, le sens de l'humour; et ses faiblesses, le rapport avec l'argent plutôt difficile, les familles brisées par l'alcoolisme et l'inceste, le manque d'autonomie, le manque de scolarité.
Que peut-on apprendre des autres peuples?
J'ai répondu à la question en nommant la seule chose qui me met vraiment en colère: les insultes que peuvent prononcer des blancs ignorants face aux Innus parce qu'ils ne sont ni taxables, ni imposables.
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