Vous connaissez Dany Laferrière, l'écrivain. Il a écrit ceci pour un catalogue. Je vous le partage.
"Mon coup de cœur
C’est toujours émouvant de voir un fleuve à sa source. Le Nil débute comme un ruisseau. Il faut beaucoup d’imagination pour croire que ce filet d’eau tient dans ses bras toute l’Égypte. Il en est de même pour la littérature. On peut choisir de remonter l’interminable fleuve Proust. Ou de traverser à gué le ruisseau Naomi Fontaine. Qui est cette Naomi Fontaine dont le nom se retrouve si près de Proust avec un mince premier roman? Elle a 23 ans, c’est une Innue de Uashat qui vit aujourd’hui à Québec. Elle a publié cette année « Kuessipan » qui fait à peine 111 pages, chez Mémoire d’encrier. Dans ce ruisseau il y a la promesse d’un fleuve. Vigneault dit bien qu’un flocon contient l’hiver. En effet, il s’agit beaucoup d’hiver dans cette réserve d’Uashat où la vie est rude. Les problèmes sont connus : « drogue, inceste, alcool, solitude, suicide, chèque en bois, viol ». L’auteur nous balance tout ça dès la première page, juste avant de nous faire pénétrer dans son univers personnel. Ce n’est pas l’étude sociologique d’un étranger tout plein de compassion. C’est une invitation à une fête étrange : le simple déroulement de la vie quotidienne. La peinture est si directe qu’elle semble naïve jusqu’à ce qu’on comprenne qu’elle suit plutôt la vieille règle classique de la ligne droite. Des observations dures. Des joies violentes. Une nature rêche. Pas d’adjectif. Ni de larmes. C’est le livre d’un archer qui n’a pas besoin de regarder la cible pour l’atteindre en plein cœur. Mon cœur. "
Dany Laferrière
Merci M. Laferrière. Le fleuve se nourrit par petites gouttes. Merci de m'y inviter.
Quel beau commentaire de D.Lafferière.
RépondreSupprimerJe passe à la librairie cet après-midi...
Très beau commentaire. Flatteur et encourageant. Je m'en permets un au passage moi aussi : Laferrière, un "f".
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