Je mourrai demain, dans une semaine,
dans un an, très vieille,
Je mourrai de peur, d’une maladie ancienne, d'un accident
Dans
un hospice ou dans un parc
En plein centre-ville, en regardant mes
arrières petits-enfants grimper sur les cordes raides
Les regarder se balancer, le sourire dans les yeux
et se lancer des blagues
Je mourrai un matin, en plein midi ou à
minuit,
Dans un sommeil de chair qui ne m’appartiendra
plus, tellement j’aurai vécu
Je mourrai
mais pas parce que je l’aurai voulu
Je mourrai loin de mon pays, en voyage
tout inclus, au soleil
Le clair de lune dans mon paysage et la
nuit noire dans mes vagues
Je mourrai dans mon petit 4 et demi,
allongée sur mon divan,
Avec ma série fétiche et des popcorn au
beurre
Je mourrai parce que le beurre aura
bouché mes artères,
Et que la solitude m’aura fait peur
Je mourrai assise sur un banc de
brasserie à boire mon dernier porto
Ou en fumant une cigarette à neuf mètres de ma maison
Je mourrai
Mais pas de mes propres mains
Je mourrai après mes histoires d'amour et les envers
Après les voyages au Portugal et les soupers tardifs
Après les feux au chalet et la pêche à la mouche
Après les diplômes de mon enfant et les dindes du jour de l'an
Après les couleurs, après la gaieté et en jouant à la fée des dents
Je mourrai
Mais pas par désespoir
Je mourrai après mes histoires d'amour et les envers
Après les voyages au Portugal et les soupers tardifs
Après les feux au chalet et la pêche à la mouche
Après les diplômes de mon enfant et les dindes du jour de l'an
Après les couleurs, après la gaieté et en jouant à la fée des dents
Je mourrai
Mais pas par désespoir
Je mourrai avec mes peines, mes échecs,
mes déboires
Je mourrai seule, affrontant l’adversité
malgré ma misère
Enfouie sous un mètre de honte, je
mourrai sans avoir accompli mes rêves,
Nue sous une marée de regards
Me jugeant, tentant de me faire perdre la foi
Ils me tueront goutte à goutte à cause de
mon orgueil
Je mourrai
Mais pas de mes propres mains
Je te le jure
Je mourrai dans ses bras, forts et
vigoureux
Quand j’aurai fait un homme de lui, de ses grands yeux bruns et doux
Quand une femme l’aimera, que ses
enfants l’admireront
Je mourrai en laissant, une parcelle de
moi
Dans ses gestes et dans sa voix
Je mourrai en silence, sans reproches et
sans conseils,
Je serai très faible, une enfant ridée
que l’on doit endormir
Je mourrai bientôt ou très tard
Mais pas de mes propres mains
C’est ma promesse
Ma seule victoire sur ta mort
Pour tous ceux qui ont perdu un être proche à cause du suicide.