vendredi 11 avril 2014

Faire l'indienne

Rappelle moi que je vis,
dans ces personnages fictifs que le beau monde se raconte en se flattant,
en arrachant  la dernière plume de mes fesses
dans ces chiffres statistiques, qui me font rechuter, qui me font me morfondre,
dans la nuit noire, noire
si tu es celui que tu dis être,
rappelle moi que j'existe
que je peux être magnifique,
pas à cause de ma peau brune et de mes yeux noirs,
parce que je reste sauvage, même instruite,
ne me peins pas dans un tableau, ne me garde pas dans un livre,
rappelle-moi que je vis.

moi ta bohème, ta suave, ta grandeur lorsque tu écris,
ta faiblesse lorsque tu pleures,
dis-moi que le monde est immense et pénétrable
dis-moi que je suis trop petite
je te croirai

Rappelle-moi que j'existe,
une fois les caméras éteintes,
lorsque les gens parlent de moi, lorsqu'ils disent l'indienne.
Souviens-toi que je me suis assise sur cette chaise
Qu'à toutes tes questions j'ai répondu
Je n'ai jamais joué à l'indienne
Je te le jure
Ces racines, elles me pénètrent jusqu'au fond de ma propre douleur.

Dis-moi, je t'en prie, une fois encore, que j'existe.

2 commentaires:

  1. Toujours la même écriture passionnante...jeune fille brune assise à Saint-Malo dans la maison du Québec, Etonnante Voyageuse, quelles nobles histoires nous lisons dans tes yeux profonds comme les mers....

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  2. Oui, vous existez Naomi.

    Comme vous le dites si bien dans votre merveilleux texte parut dans « OBJECTIF NORD Le Québec au-delà du 49e » de Serge Bouchard et Jean Désy, je vous cite : « Je viens de là-bas, qui, plus je m’en éloigne, plus il m’habite. Peut-être que l’ailleurs m’a façonnée, mais c’est ce là-bas qui me rappelle qui je suis. »

    Oui, Naomi. Votre voix, unique, parmi les cris et les plaintes des sociétés modernes trop individualistes et citadines, s’élève au-dessus des hommes et des femmes de notre siècle. Elle rejoint les consciences encore perméables; celles qui demeurent allumées. Tel le soleil inonde de ses rayons bienfaiteurs le jour nouveau, vos écrits, vos réflexions pénètrent les paysages de nos êtres et les transforment. Ainsi, le vent du nord balais, inlassable de son souffle les étendues. De même, les épinettes et les feuillus poussent. Animées d’un mouvement presque imperceptible, elles salueront bientôt, de leur prestance, le ciel étoilé. De même, le règne animal s’affaire à sa subsistance dans un cercle perpétuel et purificateur. Oui, Naomi, vous imprégnez nos pensées d’une autre réalité. Une réalité qui s’est perdue à travers les courants du temps, des existences. Cette faculté de retrait. D’observation et de perception de ce qui nous entoure. Vous avez ce talent, que peu possèdent. Celui de partager votre unicité. Votre particularité qui fait de l’être humain une entité plus grande et plus forte. Les chuchotements de Manitu doivent être entendus et partagés.

    Oui, Naomi, vous existez bien plus que ne le pensez. Continuez d’être ce que vous êtes.

    -L.-

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